Bruant ortolan : une disparition programmée.

« Si on continue à chasser l’ortolan, on fera disparaître l’ortolan et la chasse à l’ortolan », dit à l’AFP Frédéric Jiguet, professeur au Muséum national d’Histoire naturelle, et auteur principal de l’étude publiée mercredi 22 mai 2019 dans la revue américaine Science Advances. https://advances.sciencemag.org/content/5/5/eaau2642.abstract

 » En France, la chasse illégale du bruant Ortolan Emberiza hortulana, menacé d’extinction, a été défendue au nom de la tradition et de la gastronomie. Les chasseurs ont fait valoir que les bruants d’Ortolan pris au piège dans le sud-ouest de la France proviennent de populations importantes et stables dans toute l’Europe. Pourtant, la Commission européenne a renvoyé la France devant la Cour de justice de l’Union européenne (UE) en décembre 2016 pour infractions à la législation (IP/16/4213). Or, les chercheurs ont démontré que les bruants ortolans qui migrent à travers la France proviennent des populations du nord et de l’ouest, qui sont petites, fragmentées et en déclin. La modélisation de la viabilité des populations a également révélé que le prélèvement dans le sud-ouest de la France est loin d’être durable et augmente le risque d’extinction. Ces résultats fournissent les preuves scientifiques suffisantes pour justifier l’interdiction de la chasse à l’ortolan en France.

Les auteurs de ce blog rajoutent qu’avec le bruant ortolan, les rouge-gorge, mésanges et autres oiseaux familiers peuvent être pris dans les pièges et seront ensuite consommés sous le nom d’ortolan.

Un risque d’extinction de 66% d’ici 100 ans ?

Le plus optimiste des scénarii conduirait à un risque d’extinction de 66% d’ici 100 ans, si le braconnage était réduit de 15 000 oiseaux par saison (une ancienne étude estimait à 30 000 le nombre d’ortolans chassés par an en France, et c’est le nombre que réclamaient les chasseurs dans une demande de dérogation en 2013). « Prélever 30 000 oiseaux en automne parmi ceux qui passent en France, c’est une part non négligeable de contribution au déclin de l’espèce« , dit Frédéric Jiguet.

Comme tous les oiseaux des champs, les ortolans sont aussi victimes de l’agriculture moderne, de la baisse des populations d’insectes, des pesticides… Mais la chasse, qui se pratique notamment dans les Landes, en Gironde, Dordogne, Lot-et-Garonne et Pyrénées Atlantiques, joue bien un rôle considérable.

« L’arrêt de la chasse donnerait en moyenne deux fois plus de chances à l’ortolan de s’en sortir », résume Frédéric Jiguet. « Cela ne va pas forcément le sauver. Après, il faudrait changer le modèle agricole« .

les références :

Science Advances  22 May 2019:
Vol. 5, no. 5, eaau2642
DOI: 10.1126/sciadv.aau2642

la revue :

Science Advances a été créée en février 2014 et la revue a publié ses premiers articles début 2015 [2]. Au milieu de l’année 2018, le journal a publié l’un des facteur d’impact les plus élevés de tous les journaux en libre accès. https://fr.wikipedia.org/wiki/Science_Advances

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