
Une consultation sur un projet de programme régional Forêt Bois sur les forêts de toute la nouvelle Aquitaine a lieu jusqu’au jeudi 16 janvier 2 020. Prévu pour 10 ans, ce programme prévoit d’augmenter les coupes de bois de 25 %, de mettre en place, pour une gestion industrielle du bois, le regroupement de petites parcelles et d’intensifier les pratiques de gestion industrielle de la forêt. Nous sommes habitués dans les Landes à voir d’immenses parre-feux, indispensables à la prévention des incendies. Nous sommes habitués aux rangées de pins, aux coupes rases… Mais nous sommes habitués aux forêts mixtes de chênes pédonculés et arbousiers et pins et…. aux airials à l’ombre rafraîchissante, aux zones humides, vestiges d’un passé…
Progressivement nous avons vu le cycle de vie des pins raccourcir, les coupes rases se faire de plus en plus nombreuses, la régénération naturelle disparaître au profit de plantations de petits pins, l’apparition de gigantesques abatteuses qui bouleversaient les chemins et faisaient disparaître les ruisseaux. Nous avons du protester contre l’utilisation d’engrais chimiques et pesticides de synthèse dans le parc naturel régional des Landes. Nous avons vu le pin maritime, endémique disparaître au profit d’un pin américain, plus rentable. Nous avons vu les efforts de certains forestiers de l’association Prosylva pour mettre en place une gestion différenciée de leur forêt et, sur leurs parcelles, nous avons vu la différence.
Avec la sécheresse de ces dernières années, nous avons vu la progression des scolytes dans ces monocultures d’arbres…
Nous avons vu le pin Douglas envahir le Limousin ce que rapelle le film « Le temps des forêts ».
Et nous espérions que ces données factuelles seraient prises en compte lors de l’élaboration du programme. Mais il n’en est rien. C’est pourquoi nous avons émis un avis défavorable sur ce projet.
Arguments des associations :
Les associations de protection de la nature s’inquiètent des conséquences destructrices du programme régional forêt bois sur les forêts de toute la Nouvelle Aquitaine.
Nous comptons sur vous pour contribuer à la consultation du public qui se déroule actuellement sur le projet de PRFB. Plus nous serons nombreux, mieux cela vaudra.
Il faut pour cela aller sur le site de la DRAAF : http://draaf.nouvelle-aquitaine.agriculture.gouv.fr/PRFB-Consultation-du-public où l’on peut lire tout en bas : «Les contributions peuvent être recueillies jusqu’au 16 janvier 2020, par courriel à l’adresse suivante » (simple adresse mail) : prfb.draaf-nouvelle-aquitaine@agriculture.gouv.fr
Il vous suffit de donner un avis défavorable avec vos arguments, en évitant le « copié-collé » qui risquerait de ne pas être comptabilisé.
Pourquoi sommes-nous défavorables à ce projet ?
Les PRFB doivent, outre des objectifs socio-économiques bien compréhensibles, envisager également des mesures d’atténuation et d’adaptation au changement climatique et créer de la valeur dans le cadre de la croissance verte en gérant durablement la ressource. Ceci implique des opérations visant à « connaître, préserver et valoriser la biodiversité » et à « mieux connaitre les services rendus par le fonctionnement des écosystèmes forestiers ».
Les enjeux environnementaux (« stockage de carbone en forêt dans le bois et le sol, évaluation et préservation de la biodiversité ainsi que de la multifonctionnalité des écosystèmes forestiers. »), ignorés au départ, ont pu être finalement reconnus grâce aux associations, mais cela n’a pas été transposé concrètement dans les fiches-actions. Cela impliquait évidemment des comparaisons entre des monocultures de résineux (Pins, Douglas ou autres) et de vrais écosystèmes forestiers avec des essences mélangées et tout un cortège de végétaux et animaux en coévolution !
Aucune évaluation quantitative ni mesure concrète n’est envisagée pour préserver la biodiversité et les services écosystémiques dont le climat.
L’avis délibéré de l’Autorité Environnementale (AE)* sur le projet de PRFB rejoint l’analyse de la SEPANSO
Non seulement, les services rendus par les écosystèmes forestiers (qualité de l’eau, de l’air, atténuation du réchauffement climatique, qualités paysagères et autres aménités) risquent de disparaître peu à peu avec le temps, mais c’est l’avenir même de la sylviculture qui est en jeu à moyen terme.
Les associations de protection de l’environnement ne peuvent cautionner un tel projet.
Nous alertons le public sur les dangers du modèle de gestion industrielle actuellement en cours dans le massif landais. Ce modèle risque en effet de s’étendre à l’ensemble de la nouvelle région en faisant disparaître peu à peu les forêts de feuillus ou mixtes au profit de monocultures par le biais de coupes rases et plantations de résineux avec traitements mécaniques, voire chimiques, comme c’est déjà le cas en Périgord.
L’acceptabilité sociétale semble être une préoccupation obsessionnelle des rédacteurs du projet, réaction probable aux critiques des populations face aux dommages constatés dans les paysages soumis aux coupes rases et dessouchages le long des routes landaises. A ces inquiétudes, le projet répond par l’intention de mieux communiquer sur les bienfaits de la gestion forestière actuelle, dite « durable », ce qui en réalité s’apparente à un endoctrinement des propriétaires, des élus et des populations à commencer par les scolaires.
Il est encore temps de donner un avis défavorable à ce projet en contribuant à la consultation publique sur le site de la DRAAF : http://draaf.nouvelle-aquitaine.agriculture.gouv.fr/PRFB-Consultation-du-public
*voir le rapport de présentation du projet de PRFB sur le site http://draaf.nouvelle-aquitaine.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/PRFB-_Juillet_2019-Complet-Light_cle0b36c7.pdf
* voir les remarques et recommandations de l’AE : http://www.cgedd.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/191106_prfb_nouvelle_aquitaine_delibere_cle0834a9.pdf
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