Mobilisation en défaveur de l’arrêté : La consultation s’est soldée par un avis majoritairement défavorable au projet d’arrêté avec 2730 contributions contre celui-ci, soit 91,1% des avis exprimés. Une grande partie des contributeurs se prononce contre toute perturbation de la faune sauvage, estimant que l’Homme exerce une pression trop importante sur l’environnement et met à mal la biodiversité, dont l’ours. Ils estiment que la présence de l’élevage n’est pas plus légitime que celle de l’ours dans les montagnes et que la cohabitation est possible, à l’instar d’autres pays abritant des populations d’ours. De même, le caractère protégé de l’espèce et la faiblesse de sa population sur le territoire pyrénéen sont souvent rappelés, accompagnés d’une demande à ne pas déroger à sa protection mais plutôt à s’adapter à sa présence, comme ont pu le faire les bergers par le passé. Les conditions cumulatives permettant la perturbation de l’espèce sont jugées non remplies, notamment quant aux dommages. Un argument récurrent pointe également l’impact des opérations menées, non seulement sur l’ours, mais aussi sur l’ensemble de la faune sauvage, qui serait dérangée pas les effarouchements. Le cas du Parc national des Pyrénées, en tant qu’espace protégé, fait l’objet d’un traitement particulier : l’effarouchement sur ce territoire n’apparaît pas souhaitable par les contributeurs. Un nombre important de participants se range derrière l’avis défavorable du Conseil National de la Protection de la Nature, en tant que groupe d’experts, estimant avec lui que les conditions d’autorisation sont trop larges. Ils rappellent également la décision du Conseil d’Etat qui a annulé certaines dispositions de l’arrêté expérimental de 2019. Les modifications de l’arrêté 2021, par rapport aux précédents arrêtés, sont ainsi jugées insuffisantes. Très majoritairement, les commentaires rappellent l’efficacité du triptyque de moyens de protection (surveillance humaine, clôtures et chiens de protection), alors que celle des effarouchements est contestée. Le dispositif est au contraire désigné comme dangereux pour l’ours mais aussi pour l’Homme. L’effarouchement est présenté comme un palliatif à l’absence de mesures de protection, encore trop souvent constatée sur les estives. Par ailleurs, le faible nombre de brebis prédatées par l’ours, en comparaison des autres causes de mortalité sur les estives, est rappelé. Concernant précisément le dispositif, il est demandé qu’il soit mieux encadré pour être acceptable, avec un seuil de déclenchement plus élevé, une plus grande limitation dans le temps et l’espace, un protocole plus précis et une étude d’impact réalisée par des scientifiques. Un risque de dérive, lié à l’usage d’armes, mais aussi à la mise en œuvre d’une dérogation qui pourrait ultérieurement conduire à des tirs de destruction lorsque la population sera plus nombreuse, est évoqué. Des arguments économiques sont soulevés, en raison du coût des opérations, face à des résultats non probants. La question des difficultés économiques du monde pastoral, non liées à l’ours, est aussi mentionnée, alors que la possibilité de valorisation économique de la présence de l’ours (tourisme, recrutement de bergers) est présentée comme un atout. Des commentaires évoquent la responsabilité des pouvoirs publics, en matière de protection de la nature : le plan d’actions Ours brun et ses objectifs sont rappelés. Une demande de cohérence des actions s’exprime : les réintroductions, perçues favorablement, ne doivent être mises à mal par des mesures présentant des risques pour l’espèce. Beaucoup de contributions traitent de la question de l’environnement d’une manière très globale, abordant notamment les problématiques de changement climatique, de la place et de la pérennité de l’espèce humaine sur la planète, et appellent à cet égard à un changement de mentalité.
La mise en ligne de ce projet d’arrêté a été effectuée entre le 16 avril 2021 et le 9 mai 2021 inclus, sur la page suivante : http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/projet-d-arrete-relatif-a-la-mise-en-place-a-titre-a2363.html
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