
Les pesticides nuisent aux huîtres creuses sur plusieurs générations. C’est ce que montre une étude au long cours de l’Ifremer (2020-2024) qui a voulu évaluer l’effet cocktail produit sur les huîtres par un mélange de pesticides couramment retrouvé dans le milieu naturel. L’exposition aux pesticides affecte la reproduction des huîtres et certains des effets délétères sont retardés chez les générations suivantes. La nage, la métamorphose en sont affectés. Les résultats suggèrent qu’il y a urgence à repenser la façon dont sont menées les études d’écotoxicité.
Pour en savoir plus : nous publions ici le résumé de l’étude de l’Ifremer sur huîtres et pesticides, objet du programme Pesto de l’ANR, thèse de Thomas Sol Dourdin avec comme co-directeur de thèse Rossana Sussarellu Docteur en biologie marine, Ifremer
https://borea.mnhn.fr/fr/users/thomas-sol-dourdin
The Conversation du 4 novembre 2024 en a publié une synthèse très lisible. L’étude et la thèse sont disponibles sur le site de l’ANR ou sur HAL
Les pesticides sont partout. Des sols agricoles aux littoraux, tous les écosystèmes sont contaminés. Avec des impacts multiples, comme le rappelait fin 2023 une commission d’enquête parlementaire ainsi qu’une expertise scientifique collective INRAE-Ifremer en 2022 : dégradation de la qualité des eaux, déclin de la biodiversité et notamment d’espèces telles que les invertébrés terrestres et aquatiques, les oiseaux, chauve-souris ou encore les amphibiens.
Contexte juridique et réglementaire
Théoriquement, le plan Ecophyto doit permettre de réduire de 50 % l’utilisation des produits phytosanitaires d’ici 2030. Mais dans la pratique, le nouvel indicateur décidé en mai 2024 a nourri la controverse. Selon certains scientifiques, il pourrait provoquer une baisse purement artificielle dans le suivi des pesticides utilisés.
Parmi les espèces touchées par ces pollutions, on retrouve également les mollusques, et en particulier les populations d’huîtres creuses (Crassostrea gigas). En France, des pesticides sont régulièrement détectés dans les zones de production conchylicole où le renouvellement de la production repose en partie sur le recrutement naturel des larves, comme dans les bassins de Marennes Oléron ou d’Arcachon.
Pour mieux comprendre les effets de la contamination côtière par les pesticides sur les organismes invertébrés tels que l’huître creuse, les auteurs ont participé à un projet de recherche au long cours. Et les résultats sont : l’exposition aux pesticides affecte la reproduction des huîtres et certains des effets délétères sont retardés chez les générations suivantes.
les résultats sont intéressants :
D’un côté, ils démontrent l’existence d’effets retardés et multigénérationnels de l’exposition à des pesticides chez l’huître creuse.
De l’autre, ils illustrent les conséquences d’un stress chimique ayant lieu pendant les stades précoces du développement embryo-larvaire, quand bien même ce stress serait opéré bien en-dessous des seuils considérés comme toxiques.
ils montrent que les études de toxicité qui ne s’intéressent qu’aux effets observables à court terme peuvent être remises en question.
Remerciements à The conversation pour nous avoir signaler cette publication.
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