Une tribune de l’EUCC* sortie le 21 juin 2021 et signée par un grand nombre de scientifiques mérite un détour.
Résumé : Les scientifiques admettent que l’érosion côtière est un phénomène aléatoire et difficilement prévisible; l mais que l »érosion côtière et la submersion marine sont des risques très souvent imbriqués. Seule leur gestion conjointe et intégrée est susceptible de produire des effets durables, tandis que des approches simplistes visant à systématiser l’endiguement face à la submersion, et l’inaction face à l’érosion, sont vouées à l’échec. Les exemples de la baie de Wissant dans le Pas-de-Calais ou de Vias dans l’Hérault, illustrent parfaitement cette nécessité d’approche intégrée, difficilement mise en œuvre aujourd’hui.
Pour aller plus loin : Dans une perspective de moyen et long terme tenant compte du changement climatique et de l’élévation du niveau marin, les submersions marines vont devenir progressivement plus fréquentes, vont se conjuguer aux inondations fluviales dans les zones estuariennes et en augmenter les impacts, et certaines portions de territoires se verront finalement affectées par des submersions permanentes, qui résulteront en un recul effectif du trait de côte, ne faisant pas intervenir exclusivement un processus d’érosion. Ce risque de submersion peut tout à fait être considéré comme « certain » et il est possible d’anticiper son occurrence. Serait-ce une raison pour ne pas agir face à ses conséquences, en réfléchissant à plusieurs formes d’adaptation combinant, selon la nature et la densité des enjeux, des approches de réduction de l’aléa (protection, défense) et de réduction de la vulnérabilité (adaptation des bâtiments et infrastructures, changements d’usages, relocalisation, etc.), si nécessaire articulées entre-elles dans le temps ?
Vers quel mode de gestion va-t-on actuellement ?
Depuis une vingtaine d’années, les cadres institutionnels de gestion des risques côtiers en France se sont construits en ayant de plus en plus tendance à dissocier les phénomènes d’érosion côtière et de submersion marine, guidés par des logiques de cloisonnement administratif, mais surtout de volonté de préservation des budgets de l’État, plus que par un véritable raisonnement scientifique. Cette différence de traitement engendre de graves conséquences sur les territoires littoraux : l’absence d’outils pour la gestion du risque érosion côtière fait qu’il est souvent traité dans l’urgence, et limite la formalisation de réelles stratégies d’adaptation, pourtant indispensables dans le contexte actuel de changement climatique. Qu’en est-il pour le bassin d’Arcachon ?
Il existe des solutions : plusieurs travaux scientifiques et institutionnels ont déjà proposé des outils juridiques innovants pour réformer en profondeur la prise en compte du risque érosion côtière au sein des politiques publiques de gestion du littoral. Ces derniers pourraient être repris au sein d’un texte de loi abordant de façon cohérente le sujet des risques côtiers, prônant leur anticipation (volet « aménagement des territoires ») tout en reconnaissant leur composante aléatoire et la possibilité qu’ils s’accélèrent soudainement ou brutalement (volet « gestion des risques ») et favorisant une gestion intégrée des différents aléas, seule approche susceptible de constituer une réelle avancée pour adapter efficacement et durablement les territoires littoraux.
*EUCC-France : le réseau européen des littoraux.
Pour en savoir plus : le rapport de Jean Favennec : http://euccfrance.fr/images/Article_JF_gest_litto_version_12_mai2021.pdf

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