Pistes de solutions pour les pollutions

Des pistes de solution pour tenter de réduire les pollutions du bassin d’Arcachon avril 2024

Contexte

L’importance de la crise de décembre 2023 avec ses conséquences désastreuses pour l’ostréiculture, la levée de l’omerta sur les causes réelles des pollutions du bassin d’Arcachon emblait enfin obliger les responsables (collectivités territoriales et services de l’état) à envisager un plan d’actions pour éviter la reproduction de cette situation. Devant leur inertie, des associations, des ostréiculteurs ont porté plainte pour pollution des eaux… Un référé environnemental est sorti le mardi 2 avril 2024 : la juge des référés donne un an au SIBA pour réaliser des bassins de rétention d’orage autour des bassin d’assainissement.

Le référé environnemental est une nouvelle procédure permettant à la justice de contraindre un responsable à faire cesser une pollution avant la caractérisation d’une éventuelle faute pénale.

Le SIBA pronait la création de bassins de rétention sur l’amont des ruisseaux tributaires du Bassin afin de limiter leur débit vers les zones aval urbanisées alors que la Sepanso demandait un doublement des parois de rétention des eaux usées. La solution choisie par le juge remplit certes la fonction que l’on attend d’elle, mais elle ne saurait être la panacée. Outre le fait qu’elle est onéreuse et consommatrice d’espace, elle réduit mais ne résout pas le problème de l’aval, et elle ne répond pas à la question « pourquoi les eaux pluviales ne s’évacuent pas ? ».

Un groupe d’andernosiens s’est réuni mardi 9 avril 2024 afin de tenter de trouver des solutions pérennes et de les proposer aux aménageurs, ceci dans le cadre de la suspension du SCOT par le préfet de la Gironde.

Un état des lieux permet d’envisager les choses dans leur ensemble.

Au point de vue géographique et géologique, le bassin est le réceptable d’un très grand bassin versant. Il récolte donc toutes les pollutions dues à l’agriculture industrielle, la sylviculture intensive, l’urbanisation croissante et une certaine industrie. La nappe phréatique bouge lentement vers le bassin.

Au point de vue des comportements individuels : l’absence de notions du bien commun est cause d’un grand nombre de pollutions et de mise à mal de la biodiversité (bateau lavé au produit vaisselle moussant dans le port du Bétey à Andernos, résidus de pesticides versés directement dans le pluvial boulevard de la plage à Andernos à l’été 2023, mur nettoyé à l’eau javellisée en avril 2024 avenue Thiers à Andernos) à titre individuel.

Les comportements des entreprises : On voit le même genre de comportement dans les entreprises du BTP (eaux usées rejetées directement dans le sable dans le bois du Bétey à Andernos (capitainerie provisoire en avril 2024, eaux de la nappe aquifère rejetée dans les crastes boulevard de l’océan à Andernos en avril 2024). C’est le far-west.

Point historique

Avant 1857, sur ces terrres plates, humides, où le cordon dunaire empêchait l’écoulement des eaux, régnait un système agropastoral – image des bergers sur leurs échasses- Les travaux d’assainissement, la fixation des dunes ont transformé le système laissant la place à l’industrialisation du gemmage autrefois pratiqué uniquement dans les forêts mixtes du littoral et aux grandes plantations de pins maritimes. Les terres agricoles ont été drainées d’où la création de fossés qui ont traversé les villages ostréicoles ; La mule et la charrette sont ainsi hors d’eau. Entre 1857 et 1970, tous les villages étaient construit sur des fossés.

Pourquoi y a t-il des inondations ? Cette question est complexe, mais la plus grande partie de la réponse est « parce que la capacité d’écoulement des ruisseaux, dans leur partie aval urbanisée, a été réduite au fil de toutes ces années d’urbanisation ». Cette réduction peut avoir des causes variées : le mauvais entretien des crastes et fossés, leur comblement partiel, leur remplacement par des canalisations incapables d’assurer les mêmes fonctions ni d’évacuer les mêmes débits, sans oublier l’empiètement des murets et ouvrages divers construits par des riverains plus intéressés à conforter leurs propriétés qu’à protéger le bien public.

Des pistes de solution vers une renaturation ?

La première chose à faire est de faire appliquer la loi, en menant fermement les actions de police rétablissant l’application des lois sur l’eau, entre autres l’article L 215-14 du code de l’environnement. En parallèle, il faut établir un état des lieux des capacités des fossés, crastes, ruisseaux et tributaires du Bassin traversant les zones connaissant des problèmes d’inondation et élaborer et mettre en oeuvre un programme de réhabilitation pour retrouver les capacités d’écoulement perdues. Les ruisseaux anciens (celui de Conte par exemple) doivent être retrouvés : il faut savoir que le nouveau marché d’Andernos est construit sur le site d’un ancien ruisseau. On peut également citer, en particulier, l’enlèvement des buses, l’élargissement des fossés permettant à la fois des échanges avec l’air et la nappe phréatique, la pause de petites écluses sur chaque craste permettant de retourner l’eau vers la forêt sont des pistes qui doivent être étudiées et ceci dans le cadre d’une étude globale examinant en priorité tous les moyens de renforcer la capacité d’écoulement. Des zones humides doivent être récrées (en premier lieu, il faut arrêter de les détruire).

Des arbres doivent être plantés et ceci en grand nombre.

La renaturation n’étant pas possible partout, il faut développer d’autres solutions.

Des pistes de solution un moratoire sur les permis de construire

Par ailleurs, il convient d’être également très vigilant sur l’attribution des permis de construire dans les zones sensibles à la nappe phréatique et donc impropres à l’infiltration à la parcelle.

C’est pourquoi un moratoire de 5 ans permettant de répondre à toutes les questions posées dans ce texte paraît incontournable.

D’autres solutions : développer les toilettes sèches

dans un premier temps, en équiper toutes les plages et en confier la gestion à une société prestataire de service.

En parallèle, il convient de développer une culture commune du risque (risque inondation, risque incendie, risques de la pratique nautique du bassin) et des particularités du bassin zone humide où les pins boivent plus de cent litres d’eau par jour.

Enfin, n’avons nous pas atteint les limites de ce que peut supporter le bassin ? Une étude sur ce qu’il peut supporter doit être réalisée en parallèle. Le code de l’environnement le stipule…. Le Scot l’avait-il prévu ?

Liste des autres points noirs du bassin d’Arcachon

Forage de puits pétroliers dans la forêt usagère ruinée par les incendies de 2022

Politique tournée vers le tourisme

Absence de démocratie

Laisser un commentaire