Notes sur le Projet de PLU Andernos-les -bains
La lecture du projet de PLU de la ville d’Andernos-les-bains amène les commentaires suivants :
I au sujet de la procédure
Le PLU a été soumis au vote des conseillers municipaux le 20 décembre 2011 avant même que le SCOT du Bassin d’Arcachon ne soit finalisé. N’y a-t-il pas inversion dans la chronologie des actes ?
Ne faut-il pas également attendre que le projet de Parc Naturel Marin soit finalisé ?
Enfin la commune a voté le 28 avril un budget pour l’étude environnementale et l’étude d’impact Natura 2000 de l’extension du port de plaisance.
On invite donc les citoyens à se prononcer sur un projet dont on ignore les conséquences .
II au sujet du respect de la législation
Ce projet est en contradiction avec le PADD ainsi qu’ avec les directives et les lois suivantes
– la directive N° 79/409 du 2 avril 1979 du Conseil des communautés européennes concernant la conservation des oiseaux sauvages
– la directive N° 92/43 du 21 mai 1992 du Conseil des Communautés Européennes concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la flore et la faune sauvage
– la loi du 2 mai 1930 ayant pour objet de réorganiser la protection des monuments naturels et des sites de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque
– la loi 86-2 du 3 janvier 1986 relative à l’aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral.
– la loi sur le paysage de juillet 2008
– le classement du bassin d’Arcachon en zone ZNIEFF
– la loi n° 2009-967 du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’Environnement art 27, art 29 et art 35
Habitat
Ce projet est contraire à la directive habitat : en effet, le Bassin d’Arcachon a été inscrit sur la deuxième liste actualisée des sites d’importance communautaire pour la région biogéographique atlantique [Décision de la commission du 12 décembre 2008 adoptant, en application de la directive 92/43/CEE du Conseil, une deuxième liste actualisée des sites d’importance communautaire pour la région biogéographique atlantique]
Or, la suppression de nombreux espaces naturels et/ou boisés (163 hectares environ sur les 900 hectares de bois que compte la commune, la transformation de l’exutoire du ruisseau du Betey en bassin à flot, l’agrandissement de la jetée perturbant l’estran et les courants, l’extension de l’aérodrome contribueront à réduire l’espace dévolu aux oiseaux migrateurs et à la faune sauvage;
III au sujet des différents projets
La cartographie disponible sur le site de la mairie d’Andernos-les-bains ne prend qu’une seule fois en compte le projet départemental de voie de contournement de Biganos Audenge Lanton et Andernos-les-bains. Si on trace cette voie, on se rend compte que tout le territoire compris entre cette voie et le littoral sera occupé, soit par des lotissements, soit par des équipements collectifs, soit par des équipements privés. La cartographie est donc trompeuse.
De plus, le terrain réservé aux gens du voyage est situé de l’autre côté de cette voie de contournement ce qui ne peut guère contribuer à la scolarisation des enfants.
Chaque projet en lui-même est un pôle à thématique unique
– un golf
– un aérovillage et l’agrandissement de l’aérodrome
– extension de la jetée au détriment de la continuité de l’estran
– extension du port de plaisance au détriment de la plage boisée
– un pôle loisir autour du casino Miami
– un pôle artisanal et commercial
– un pôle médical autour de l’EHPAD qui ne se ferait plus dans la forêt du Coulin (3 hade chênes en continuité avec une zone achetée par le conservatoire du Littoral) ni sur la place Camille Goubet (information donnée par l’agence régionale de santé) une place enherbée destinée aux spectacles de plein air ou servant de parking pour tous ceux qui désirent se rendre à la plage du Betey mais sur un site dévolu à des associations locales (Le club informatique, CAP 33 …) au 52 avenue des Colonies..
Ce développement par pôles est contraire au Grenelle de l’Environnement et à la prise en compte d’une raréfaction des énergies fossiles. En effet, dans la mesure où les transports en commun évoqués sont uniquement le tram train qui suivant l’actuelle piste cyclable doit desservir Andernos du nord au sud mais non d’est en ouest, cette organisation par pôle va inciter les habitants à prendre leur voiture; le centre ville sera vidé de ses activités de commerce, de loisirs culturels, pour devenir une vitrine vide.
De plus, dans tous les schémas et les cartographies, aucun accès n’est étudié; ni les dessertes, ni la circulation induite par la fréquentation de ces pôles.
La présence de la voie de Contournement sur le PADD demeure inquiétante
Selon le Grenelle 2, on ne peut créer une infrastructure routière que lorsqu’il n’existe pas d’autre alternative; or, dans le cas précis, une alternative existe il s’agit du projet de tram train à créer sur l’emplacement de l’ancienne voie ferrée faisant le tour du bassin. Il faut en l’occurence privilégier le tram sur l’automobile; et créer un réseau de minibus complétant l’offre de transport du Conseil Général.
De manière générale, le projet ne prend pas en compte les réalités du monde contemporain; :
ni mention d’écoquartier, pas de prise en compte du traitement des eaux usées, ni de préconisations de recueil des eaux de pluie ou installation d’un deuxième réseau d’adduction d’eau non potable et destinée à l’arrosage des jardins ou la chasse d’eau des toilettes, pas de mention d’autonomie énergétique des bâtiments municipaux ou des équipements collectifs, confusion entre trame verte et bleue et voie verte, annonce d’un maintien de la population à 12 000 habitants alors qu’un article de la dépêche du bassin de février 2011 nous annonce déjà plus de 12000 habitants l’hiver avec une montée à 26000 habitants l’été.
Peu d’évocation des transports sinon des transports doux à vélo ou à pied. C’est déjà bien mais absolument pas compatible avec une population composée en majorité de retraités.
Le choix même des types de loisir gourmands en énergie fossile : golf, extension du port de plaisance c’est à dire choix du mononautisme à moteur, extension de l’aérodrome et aérovillage c’est à dire avion semble complètement dépassé. Dans ce dernier cas, on passe d’une activité associative à une activité commerciale.
De plus de tels pôles génèrent une absence de mixité sociale, les plus malchanceux devant en outre supporter les nuisances des autres en étant privés de leur zone de quiétude et de récréation.
Enfin de récentes études sur le comportement des français montrent que 60 % d’entre eux veulent partir en randonnée cet été. (Le monde du 24 mars 2011). Pourquoi supprimer ce qui justement les attire?
Il y a peu de cohérence entre la communication vis à vis des touristes, communication faite à travers différents médias et axée sur la douceur de vivre dans un cadre naturel et le projet de Plu détruisant justement les derniers espaces naturels.
IV Au niveau de la démographie
Démographie : le rapport se base sur des chiffres qui ne sont pas exacts.
Les plus de 60 ans sont estimés à 30 % à Andernos et les ménages retraités composent plus de 50 % de la population. A juste titre on pourrait en déduire que la population d’Andernos prend sa retraite bien avant 60 ans.
Ainsi l’accroissement de la population du bassin évaluée à 2,16 %
La population du bassin était de 130 906 habitants en 2009
si on ajoute les 100 000 habitants annoncés par les élus (40 000 nouveaux logements) sur 20 ans
quelle serait la croissance annuelle ?
100000 habitants : 20 = 5000 habitants par an
(5000: 130 906) X 100 = 3,81 %
Ceci est corroboré par les chiffres de l’INSEE annoncé semaine 49 de l’année 2010 dans la presse.
Rappelons également que « la croissance démographique liée à l’excédent migratoire est sur le bassin d’Arcachon la plus forte du littoral Aquitain, avec le sud des Landes. Entre 1990 et 1999, le bassin d’Arcachon a accueilli plus de 15600 nouveaux arrivants. Il s’agit d’une augmentation qui est trois fois plus forte que celle du reste du département » (source : Etude des enjeux écologiques et paysagers du littoral du Bassin d’Arcachon, août 2006)
V Au niveau de l’étude de l’état initial de l’environnement
Ce document est paradoxal : tout au long des pages, il souligne les liens entre la présence de la nature, celle de la mer et les attraits qu’elles représentent pour le tourisme. Or, ce sont précisément ces liens que le projet de PLU va rompre.
Une étude environnementale bâclée
L’étude est curieuse : des espèces animales pourtant visibles à l’oeil nu comme les milans près de la piste de l’aérodrome ne sont pas évoquées et l’étude tout en dénombrant nombre de passereaux assez difficiles à observer se borne à affirmer que le développement des projets cités plus haut n’aurait que peu d’impact sur elles.
L’estran à travers l’extension de la jetée ou celle du port de plaisance du Betey n’est guère respecté
Une partie de l’aérovillage et les logements sociaux à Matoucat sont situés sur une zone humide et à l’emplacement d’une ancienne décharge. Il s’agit d’un espace remarquable qui n’a pas encore été répertorié.
Les erreurs concernant la flore, la faune, les milieux aquatiques sont surprenantes L’étude des milieux aquatiques est particulièrement superficielle et ne se place dans aucun cas dans la problématique du SDAGE.
Ce qui est certain c’est que le Bureau d’études chargé du travail est centré sur une problématique urbaine et n’a pas intégré la problématique dela Protectiondela Naturedéfinie par la loi du 10 juillet 2010
Une étude d’impact curieuse et une sous évaluation de l’état initial de l’environnement
L’étude d’impact se présente comme un ensemble de considérations générales sur la
protection de l’environnement suivies d’une copie des points exposés précédemment dans le rapport de présentation, intitulés mesures d’insertion environnementale.
VI Au sujet de l’urbanisation
Lotissement
les lotissements prévus sont en continuité avec les lotissements existants ce qui est contraire à Loi sur le Littoral : étalement urbain et consommation d’espace
Il n’y a pas d’écoquartier, ni de mention de récupération de l’eau de pluie, ni de mention pour laisser un passage à la faune sauvage (corridors de12 mètresde large)
VII au sujet du Golf
Ce projet qui n’envisage même pas la solution golf sec ou d’un arrosage provenant du recyclage des eaux usées traitées sera grand consommateur d’eau;
Le SAGE protège le Cirès. Or le Golf serait à moins de100 mdu Cirès, ruisseau protégé;
Le pompage de l’eau se ferait dans la nappe phréatique superficielle, celle qui alimente tous les cours d’eau d’Andernos. E la destruction d’un espace naturel boisé, d’un amaigrissement d’un corridor écologique, ce golf sera-t-il vraiment rentable ?
VIII au niveau de l’eau
Le projet de PLU paraît être en contradiction avec le SAGE;
L’entretien du golf nécessitera le prélèvement de l’eau de la nappe phréatique et polluera le ruisseau Le CIRES, ruisseau se jetant dans le Bassin avec des engrais et des pesticides.
L’étude de la consommation d’eau basée sur une population largement sous-estimée est fausse.
L’agrandissement de l’aérodrome outre une augmentation du bruit générerait une circulation accrue et une libération d’hydrocarbures aromatiques polyinsaturés qui finiraient leur course dans le bassin. Tous ces projets sont de grands consommateurs d’eau et de grands polluants.
En ces périodes de sécheresse (il a plu3 mmd’eau en mars 2 011), alors que la qualité des eaux du Bassin est régulièrement remise en cause, que les huîtres sont régulièrement interdites de consommation, que la présence des ulves est directement liée aux engrais employés dans le bassin versant, qu’une des causes de la disparition de la zostère serait la présence de pesticides faut-il prôner le développement d’un golf. Il faut également noter la présence d’un golf à moins de4 kilomètresà Lanton.
IX au niveau du paysage
La disparition des pins, chênes et tamaris sur le littoral non seulement sur la plage boisée du Betey mais dans la forêt du Coulin est contraire à la loi sur le littoral et contraire au schéma de mise en valeur de la mer qui prône justement la conservation de la qualité paysagère du Bassin.
X au niveau plus particulier de l’extension du port du Betey
Le projet consulté à la mairie en février 2010 amputerait d’un tiers la place boisée du Betey soit environ1 ha, alors qu’il est recommandé de conserver les plages boisées (2 sont classées en EBC sauf la plus grande)
Il supprimerait 70 arbres (14 chênes, des pins et quelques tamaris) pour 150 places au port en plus.
Cette extension va-t-elle résoudre le problème des corps-morts apparaissant spontanément à la fin du mois de juin et s’installant sans autorisation ? Non car le nombre de demandes de places au port est beaucoup plus grand que le nombre envisagé.
150 places au port au plus pour plus de 1000 demandes : 200 satisfaits pour plus de 350 insatisfaits et un temps d’attente de 25 ans au lieu de 30
Les nuisances paysagères, les conséquences sur les plans géologique, biologique et sanitaire sont extrêmement importantes.
Le port actuel a besoin d’être mis aux normes européennes tant en matière de sécurité que de préservation de l’environnement. Mais pourquoi attendre pour l’équiper d’un récupérateur d’eaux noires, de pontons flottants ? Pourquoi ne pas mettre en place dès aujourd’hui une gestion rigoureuse des places une juste répartition des places entre le port ostréicole et le port de plaisance et une plus grande transparence quant à l’attribution de ces places ? Il a été aussi demandé de le doter de prises électriques pour recharger les batteries des moteurs électriques (Tillole)
Au niveau budgétaire, les études ont déjà coûté plus de 320 000 euros aux contribuables.
Et enfin la commune a voté le 28 avril un budget pour l’étude environnementale et l’étude d’impact Natura 2000 de l’extension du port de plaisance.
Une rallonge de 8000 euros vient d’être votée lors du Conseil municipal du 28 avril 2011 afin d’étudier les impacts environnementaux et l’incidence Natura 2000 d’un tel projet.
On invite donc les citoyens à se prononcer sur un projet dont on ignore les conséquences.
D’autre part, ce projet détruit un site préhistorique. En effet, au début du XXème siècle, le site du Betey à Andernos-les-bains était connu pour la richesse de ses objets préhistoriques témoignant d’une occupation assez constante des lieux.
Dans son article intitulé : »La « station sous-marine » du Betey à Andernos (Gironde) d’après la collection Ferrier » 1990, Madame Julia Roussot-Larroque témoigne des recherches faites sur le site par J. Ferrier. Je cite : « Après sa disparition, d’autres continuèrent les recherches sur le site. Quand le chenal de Betey fut recreusé pour faire un port de plaisance, il y a une vingtaine d’années [1966], les découvertes furent un temps plus abondantes. On peut regretter qu’aucune opération de sauvetage n’ait été faite à cette occasion ».
Il est prévu de creuser de part et d’autre du cours du ruisseau à l’embouchure, d’abattre pour cela 14 chênes, de recreuser le chenal et surtout de repartir le sable provenant de l’excavation sur les plages de manière à les engraisser.
Outre massacrer le site, recreuser et l’embouchure et le chenal sans avoir fait aucune fouille archéologique représenterait une perte irrémédiable de renseignements sur nos ancêtres et serait contraire au code de l’urbanisme.
La DRAC, prévenue par nos soins, nous a confirmé l’obligation pour le maire de réaliser ces fouilles préventives.
Mais le nouveau projet de PLU ne mentionne ni l’existence de ce site préhistorique, ni la nécessité de procéder à des fouilles préventives ou d’étudier un projet alternatif et de préserver ainsi ce site.
Roussot-Larroque J. : Néolithisation et Néolithique ancien d’Aquitaine,
Bulletin dela Société PréhistoriqueFrançaise, 1977, N°74, pp 559-582
Rien n’est mentionné dans le PLU à ce sujet.
Enfin le vent n’est pas signalé; Or, les tempêtes se manifestent de plus en plus violemment (Xynthia en février 2010) mais d’une manière générale comme le montre la rose des vents produite par la météo nationale les vents soufflent de plus en plus fort et de plus en plus fréquemment. L’origine géographique de ces vents forts est l’est et le nord. Est-il donc prudent de construire de grands équipements directement sous les vents dominants et de supprimer ce qui justement constituait le dernier rempart contre les tempêtes, à savoir les arbres de la plage boisée du Betey ?
XI Au niveau de l’extension de la jetée
L’idée de transport maritime séduisante en elle-même paraît totalement surréaliste alors que les carburants se raréfient. Le temps de transport serait d’une heure exactement le même que celui mis par une automobile. De plus, l’absence de continuité dans la chaîne des transports contraindrait l’usager à marcher pendant environ1 kilomètreentre le quai et le lieu où il pourrait prendre un autre moyen de transport.
Du point de vue résistance, les récentes tempêtes ont montré que la jetée était fragile (non assurée et non assurable, car située sur le DPM)
du point de vue écologique, allonger la jetée est créer une rupture dans la continuité de l’estran, perturber les courants. Cela permettra effectivement de naviguer à marée basse mais c’est le moment où le bassin est le plus fragile. L’eau se retire des chenaux, la zostère est découverte et un brassage de l eau ne pourra qu’augmenter la turbidité et détruire les bords des chenaux. c’est à ce moment là qu’elle est le plus fragile.
Au niveau de l’exactitude des données, les chiffres cités dans le projet dePLU ne sont pas ceux qui sont cités dans l’étude de la COBAS » Etude d un transport maritime sur le bassin d’Arcachon. » Avril 2009 où le nombre de voyages n’est que des deux tiers soit 810 avec 400 scolaires (là aussi pour l’ensemble du bassin car la fréquentation pour 2 008 2009 des scolaires sur les bus entre Andernos et Arcachon est de 134 scolaires p 33)
Du point de vue économique enfin, le rapport souligne que les coûts de fonctionnement sont supérieurs aux recettes et le déficit évalué d’un tel service est de 300 000 à 600 000 euros par an, plus les compensations en saison, évaluées à 50 000 euros environ
Cette extension et la navigation ne nous paraissent compatibles ni avec le projet de parc marin, ni avec une bonne gestion des deniers de l’état et des citoyens;
Conclusion : de par son manque de cohérence aussi bien avec les textes de loi qu’ avec le PADD et qu’avec son propre plan de communication touristique, de par son déni des réalités du monde contemporain (réchauffement climatique, raréfaction des énergies fossiles, crise économique, sécheresse) de par l’oubli de tout ce qui fait de la ville d’Andernos un lieu remarquable (sites paysagers, lieux préhistorique ou historique) ce PLU n’assurera pas aux habitants un développement harmonieux et doit absolument être réécrit en intégrant respect de la nature, respect des lois et respect de la mixité sociale.
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